SMAM ou Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel
Ça recommence aujourd'hui pour la France et cette année on réfléchit à l'allaitement pour une planète plus saine.
Une évidence quand on y pense !
Allaiter s'inscrit totalement et de façon innée dans ce sens : besoin d'aucune ressource extérieure lorsqu'on donne le sein que ce soit pour chauffer, stocker ou administrer à manger.
Pour accompagner cette SMAM 2020 du 12 au 18 octobre, je vous propose de découvrir une petite info par jour cette semaine, autour de l'allaitement.
Lundi : Stabilité d'un bébé prématuré au sein
Il a été prouvé par plusieurs études que l'enfant prématuré présente une plus grande stabilité physiologique au sein qu'au biberon :
✓ C'est moins stressant pour lui
✓ Il régule mieux le flux de lait donc moins de bradycardies ou de désaturations, moins de fausses routes
✓ Il respire pendant les salves de succion en privilégiant la respiration nasale
✓ Son oxygénation et sa température sont meilleures au sein
La meilleure nouvelle :
Pas besoin d'attendre 34sa pour lui proposer de téter le sein, il en a les capacités dès 31sa avec accompagnement et réassurance de la maman en parallèle !
Tout dépend de son terme de naissance, plus il est précoce, plus cela peut anticiper le début des tétées au sein.
Mardi : Enrichissement du lait maternel pour les bébés prématurés
Dans le cadre de la prématurité, on est très souvent amené à enrichir le lait de mère avant de le donner au bébés par l'intermédiaire de la sonde.
Il est donc essentiel de rappeler à toutes les mamans concernées que :
✓ leur lait n'est absolument pas "pauvre" et n'a aucune carence
✓ que ce sont les besoins du bébé prématuré qui sont très importants !
Enrichir le lait maternel, c'est donner plus de chances au bébé de maintenir une croissance à peu près similaire à celle qu'il aurait in utéro.
C'est lui permettre une bonne composition corporelle et une minéralisation osseuse adaptée en lui apportant entre autres des protéines, du sodium, du calcium, du phosphore et des vitamines qu'il n'auraient pas de lui même en quantité suffisante.
Le problème n'est donc pas lié au lait mais aux besoins nutritionnels des prématurés.
Et il n'y a aucun risques de manques d'apports si par bonheur votre bébé réussit une tétée entière au sein sans être complété. Le temps qu'il fasse toutes ses tétées exclusivement au sein sans compléments, il aura bien évolué et en aura moins besoin d'être enrichi pour l'aider dans sa croissance.
Dernier point, mais non des moindres, même s'il nécessite un enrichissement, le lait maternel est toujours la meilleure alimentation pour un bébé prématuré par rapport à un lait artificiel spécifique préma !
Mercredi : Les bénéfices du lait maternel pour les bébés prématurés
Les bénéfices de l’allaitement maternel ne sont plus à démontrer et ce, même au niveau développement durable. Nous en reparlerons pour conclure cette semaine.
Les prématurés, population de nourrissons particulièrement fragiles, en bénéficient d’autant plus !
Il a été démontré que pour les bébés prématurés, l’allaitement permet :
✓ une meilleure tolérance de l’alimentation par la sonde gastrique et une alimentation complète autonome plus rapide
✓ une diminution significative du risque d’entérocolite ulcéro-nécrosante et de sa gravité
✓ une diminution des rétinopathies sévères
✓ une diminution du risque de ré-hospitalisation dans l’année suivant la sortie
✓ une amélioration du devenir neuro-développemental sur le long terme
D’excellentes raisons pour encourager les mamans à recueillir leur lait le plus précocement possible et les accompagner selon leur choix et leur possibilité sur le chemin éventuel de l’allaitement.
Et l’indispensabilité pour les services de réa-néonat d’avoir un personnel formé à l’allaitement et plus particulièrement des consultantes diplômées pour accompagner les mamans et leurs bébés !
Jeudi : Permettre au bébé prématuré d’exprimer ses compétences
Les bébés prématurés sont compétents pour téter au sein.
Encore faut-il leur permettre d’exprimer ces compétences en les accompagnant de façon adaptée.
Tellement plus simple si on applique les 2 points suivants :
1. Mettre le bébé au bon endroit
Le bon endroit c’est l’habitat naturel du nouveau-né, le lieu qu’il connaît le mieux : le bon endroit, c’est sur sa mère.
Il faut donc lui proposer du peau à peau.
✓ Précocement
✓ Sans limite
✓ Le + tôt possible
2. Comprendre son comportement
✓ Prendre le temps d’observer ses réactions pour mieux l’accompagner
✓ Repérer ses signes de bien-être et ceux de désorganisation
✓ Pour les professionnels, cela se résume à être sensibilisé aux Soins De Développement ou au NIDCAP afin de proposer une prise en charge précoce, individualisée, centrée sur la famille et les besoins spécifiques et de l’enfant
✓ Ils peuvent alors ensuite transmettre ces informations aux parents et les accompagner pour leur apprendre à décrypter leur bébé
Tout ceci est valable pour l’accompagnement en général d’un bébé prématuré mais il prend également tout son sens pour la mise en place de l’allaitement de la façon la plus sereine possible.
Vendredi : Prématurité et mamans tire-allaitantes
On a vu, depuis le début de la semaine, les bénéfices du lait de mère pour un meilleur développement des bébés prématurés et on sait combien cela demande d’efforts, d’organisation et de motivation pour toutes ces mamans qui, avant de pouvoir nourrir leur bébé au sein, auront passé beaucoup d’heures en compagnie de leur tire-lait…
Aujourd’hui, nous allons donc aborder les points essentiels à connaître pour optimiser ces recueils de lait.
De façon générale, il faudrait pouvoir :
✓ Effectuer le 1er recueil le + tôt possible après la naissance (<6H) (manuellement si on ne vous propose pas de machine)
✓ Stimuler pour recueillir son lait au minimum 7-8 fois / 24h
✓ Stimuler les 2 seins en même temps (augmente le pic d’ocytocine et l’éjection du lait)
✓ Pendant environ 15 minutes (à individualiser en fonction de la production de lait)
✓ Associer un massage de l’aréole et du sein avant et pendant le recueil
✓ Combiner ces recueils avec des expressions manuelles
✓ Être bien conseillée dans le choix de son tire-lait et la taille de ses téterelles
✓ Tenter d’obtenir une production de lait environ équivalente à 500ml/j au bout de la 2ème ou 3ème semaine (même si les besoins du bébé sont moindres)
Les mises au sein futures seront plus évidentes si la quantité produite par la maman est supérieure à la quantité bue par l’enfant
✓ Tenir un carnet de lactation pour suivre l’évolution des quantités recueillies afin de raisonner en volume et non pas en fréquence
✓ Individualiser les spécificités de chaque maman tire-allaitante car chacune a une vitesse de production et une capacité de stockage alévolaire qui lui est propre et qui conditionne la prise en charge et l’adaptation de certains conseils vus précédemment
✓ Trouver des personnes ressources pour être soutenue et accompagnée de façon personnalisée dans son projet de recueil de lait et éventuellement d’allaitement par la suite
✓ Adoucir, rendre moins déprimant ce moment récurrent avec pleins de petites astuces : donner un nom à son tire-lait, utiliser des brassières pour tenir les téterelles, s'installer avec un coussin d'allaitement ou confortablement, avoir avec soi l'odeur et des photos de bébé, profiter en même temps d'un bon bouquin ou d'une série sympa, se faire une playlist qu'on aime, se prévoir des gourmandises à grignoter, une tisane, un jus de fruit à siroter en même temps…
J'espère que ces infos vous seront utiles et vous permettrons de dépasser plus facilement tous les obstacles auxquels vous pouvez être confrontés.
Bon courage à vous toutes, mamans tire-allaitantes !
Samedi : Échelle de comportement du bébé prématuré au sein
Accompagner la mise en place d’un allaitement, c’est prendre le temps, observer et accompagner les progrès de l’enfant et la mise en place progressive d’un transfert de lait efficace.
On ne peut pas réduire un allaitement, à « il tète » ou « il ne tète pas », il faut une analyse bien plus fine pour aider l’enfant à y parvenir, d’autant plus lorsqu’il est né prématurément.
K.H Nyqvist a étudié le développement du comportement de l’enfant prématuré au sein (entre 1995 et 1997) et nous a mis à disposition un outil d’observation très précis.
Il s’agit de l’échelle PIBBS (Preterm Infant Breastfeeding Behavior Scale), reprise ensuite par l’équipe de Valencienne qui en a réalisé une adaptation graphique : la « fleur de lait ».
Cette échelle s’articule autour de 6 critères spécifiques indispensables dans la mise en place d’un allaitement efficace :
✓ Le fouissement (recherche du sein)
✓ La prise du sein dans la bouche
✓ Le maintien du sein dans la bouche
✓ L’existence d’un mouvement de succion
✓ Le nombre de succions maximum pendant une salve
✓ La déglutition
Chaque item propose différents niveaux d’acquisition et on peut considérer la tétée comme efficace lorsqu’ils sont tous atteints.
Une façon plus douce et progressive de suivre l’évolution de l’enfant et de noter l’apparition de nouvelles compétences même si l’allaitement n’est pas encore optimal.
Une bouffée d’air et de liberté pour les mamans allaitantes qui ont plus d’éléments à disposition sur lesquels s’appuyer et prendre confiance, autres que le poids inscrit sur la balance lors des tétées pesées dans le service !
Dimanche : Ce qui peut retarder la montée laiteuse
La principale crainte dans un allaitement, c’est de ne pas avoir suffisamment de lait pour répondre aux besoins de son bébé...
Paradoxalement, les mamans de bébés prématurés y sont plus confrontées car elles ont une idée précise de la quantité de lait qu’elles recueillent lorsqu’elles tirent alors que les besoins en lait sont assez faibles les premières semaines pour leurs bébés (à la différence des autres mamans qui mettent directement au sein sans trop savoir quelle quantité elles donnent lors de la tétée).
✓ La prématurité est, en elle-même, une cause possible de retard de montée de lait : un véritable état de choc, un stress brutal, parfois un état de santé maternel préoccupant qui nécessite des soins et relègue à juste titre l’allaitement sur le plan secondaire.
Sans parler de la nécessité de recueillir son lait le plus précocement possible pour lancer le processus de lactation qui ne peut pas se faire directement avec le bébé au sein.
Cependant, d’autres facteurs peuvent également retarder la montée laiteuse et les connaître permet de rassurer les mamans qui s’y trouvent confrontées et les aider à patienter le temps que la lactation se mette en place.
✓ Le mode d’accouchement et la durée du travail.
On sait que les césariennes et particulièrement celles réalisées en urgence sont un facteur de risque de retard de montée de lait (absence de travail et déséquilibre hormonal occasionné).
D’autre part, plus le travail a été long, plus la maman a eu l’occasion d’être perfusée et plus la montée laiteuse peut prendre du temps ou provoquer une difficulté d’extraction pour le bébé.
La péridurale peut également retarder l’arrivée du lait en modifiant le travail.
✓ Les mamans diabétiques (courant ou gestationnel)
Les troubles de l’insulinosécrétion impactent la mise en place de la lactation car l’insuline fait partie des éléments qui interviennent dans la synthèse du lactose et la production du lait. Cela peut donc impacter directement le délai de production de lait.
✓ L’obésité est également un facteur de risque (car souvent associée à une insulinorésistance)
Le savoir permet de patienter plus sereinement et d’accompagner au mieux la montée laiteuse des mamans concernées.
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